Cultures dérobées Comment optimiser les résultats ?
La culture des dérobées fourragères en association offre une grande souplesse de conduite : plusieurs mélanges sont possibles selon les conditions pédoclimatiques comme différents stades de récolte en fonction de la ration souhaitée. Si la sélection variétale est gage de sécurité, l'éleveur reste le principal garant de la réussite de cette culture intermédiaire.
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Les dérobées fourragères associant graminées et légumineuses sont porteuses de nombreuses promesses. Une étude menée fin 2019 par Jouffray-Drillaud et Agrinova (400 éleveurs laitiers français interrogés) met d’ailleurs en évidence l’attrait croissant pour cette pratique. Perspective d'un ensilage ou enrubannage supplémentaire en avril, culture économe en engrais et bénéfique pour la suivante (système racinaire structurant et fixation d'azote), les éleveurs ne s’y trompent pas. Surtout que l'impact positif sur la production de lait et de viande d'un tel fourrage à valeur protéique ajoutée est avéré, tout en conférant à l'éleveur la faculté d'arbitrer entre quantité de matière sèche produite et qualité (énergie et protéines). Pour s'octroyer ces bénéfices et gagner par là même en autonomie, deux conditions s'imposent : l'association d’espèces et l'anticipation des stades de récolte.
Miser sur l'association
L'usage très répandu du ray-grass d'Italie a mis en évidence les limites de sa culture en pur. Très riche au stade feuillu, sa qualité se dégrade ensuite, de stade en stade, jusqu'à épiaison. L'association avec les légumineuses pallie cette incompatibilité entre quantité et qualité. Elle compense aussi la difficulté de savoir quand récolter. « Nettement moins dépendante du stade, la richesse de la légumineuse permet de lisser la courbe de qualité alimentaire de la dérobée », explique Cédric Pasquier, responsable projets semences chez Jouffray-Drillaud. « La légumineuse donne un fourrage plus abondant et plus riche en protéines. » Un gain estimé, en moyenne, à 25 % ! Une association dans l'association est même recommandée. Les mix complexes de variétés précoces et tardives (2 ray-grass + 2 vesces velues + 2 trèfles incarnat) résistent mieux aux aléas climatiques et sécurisent la productivité finale.
Anticiper le stade de récolte
« Une grande vigilance s'impose pour ne pas manquer la fenêtre de récolte favorable. La culture des dérobées fourragères nécessite quelques tours de parcelle et de la réactivité », prévient Cédric Pasquier. L'anticipation est donc un maître-mot pour atteindre son objectif. Deux repères doivent guider l'éleveur :
- même si la légumineuse équilibre le rapport quantité/qualité, la teneur en énergie et protéines baisse à mesure que le tonnage de matière sèche augmente ;
- la phase pivot, moment où s'équilibrent au mieux quantité et qualité se situe une semaine avant l'épiaison de la graminée, qui reste la famille dominante du mélange.
Sachant cela, l'éleveur peut décider de récolter avant ou après la phase pivot, en fonction de la physionomie de son troupeau : faible rendement mais grande qualité nutritive (protéines digestibles), pour un rapport de 1 à 4 en production laitière entre le stade épiaison et le stade feuillu, par exemple ; ou encore, davantage de matière sèche/ha (et donc une récolte plus tardive), en fonction de la place accordée au fourrage dans la ration et du type d’animal qui va consommer cette ration.
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